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Séismes du 8 et du 21 juillet 2010 dans la région de Manosque et sismicité de la Provence


Séismes du 8 et du 21 juillet 2010 à proximité de Manosque

Le Laboratoire de Détection et de Géophysique du CEA a localisé le 8 juillet 2010 à 20h 20min TU un séisme de magnitude 2,9 dont l'épicentre est localisé à proximité de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), avec une profondeur focale très faible (inférieure à 5 km). Ce séisme s'est produit à proximité de la Faille de la Moyenne Durance. Il a été suivi d’un second événement de magnitude 2,0 le 21 juillet 2010 à 04h39 TU.

Date 08/07/2010 21/07/2010
Heure origine 20h 20min 51.61s tu 04h 39min 35.14s tu
Latitude 43,85 Nord 43,76 Nord
Longitude 5,82 Est 5,73 Est
Magnitude  2,9 (Ml)
2,0 (Ml)

Chaque année, en Provence, en moyenne 3 séismes atteignent ou dépassent la magnitude ML 2,9 (voir la figure 1 qui représente la fréquence des événements de la zone Provence en fonction de leur magnitude ; elle a été évaluée en s’appuyant sur la base de données de sismicité enregistrée par le LDG depuis 1962 et la base de données historiques SISFRANCE). Le séisme du 8 juillet 2010 n'a donc rien d'exceptionnel même s’il a été largement ressenti à Manosque en raison de sa très faible profondeur et de sa proximité à la ville.
Dans l’état actuel des connaissances scientifiques, la prédiction du lieu et de l’heure des séismes n’est pas possible. De très nombreux séismes de magnitude faible et modérée ne sont suivis d’aucun séisme plus fort. Certains gros séismes sont parfois précédés d’événements sismiques plus petits (précurseurs sismiques) mais ce n’est pas toujours le cas.

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 Figure 1 : Fréquence des séismes historiques et instrumentaux en fonction de leur magnitude jusqu’en 2009 pour l'ensemble de la Provence. Par exemple, un séisme de magnitude supérieure à 4,5 est observé, en moyenne, une fois tous les 10 ans.


Contexte tectonique et sismicité régionale

Le contexte tectonique de la Provence se caractérise par un régime compressif correspondant à la convergence des plaques tectoniques africaine et européenne. Dans la tectonique régionale, cela se traduit par plusieurs familles de failles dont la faille de la Durance.
Cette dernière, considérée comme sismiquement active, est une des failles métropolitaines les mieux matérialisées par la sismicité passée, avec plusieurs crises importantes depuis le début du XVIème siècle. Le 13 décembre 1509, les dégâts répertoriés ont atteint l'intensité VIII dans le secteur de Manosque (voir glossaire pour la définition des intensités MSK). Une crise sismique assez similaire s'est produite en 1708. Le choc principal du 14 août 1708 (intensité épicentrale VIII), bien que ressenti jusqu'à une centaine de kilomètres, n'a provoqué des dégâts que dans une zone très restreinte. En 1812 c'est à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest (Beaumont de Pertuis) que l'activité sismique s'est déplacée (intensité épicentrale VII-VIII). Le séisme principal du 20 mars 1812 a été suivi d'une soixantaine de répliques ressenties uniquement dans les environs immédiats de Beaumont. Le dernier événement significatif remonte au 14 mai 1913 à 15 km au nord-est de l'essaim sismique de 1708 (région de Volx, intensité épicentrale VII-VIII).
Plusieurs séismes d'intensité inférieure à VII se sont également produits dans la région de Cavaillon (1731, 1763, 1863), mais c'est surtout le système de Costes-Trévaresse qui retient l’attention par la présence du seul séisme provençal d'intensité supérieure à VIII (Lambesc, 11 juin 1909, intensité épicentrale VIII-IX) qui a provoqué des destructions très importantes dans un rayon de 10 km autour de son épicentre (intensité maximum IX).
Plus récemment, la sismicité de la Provence, enregistrée par des capteurs sismiques depuis 1962, est restée diffuse et de faible magnitude. La plupart des séismes détectés ont une magnitude locale (ML) inférieure à 3,5 et seulement quelques événements sismiques ont une magnitude locale comprise entre 3,5 et 4,4. On citera par exemple : ouest d'Avignon (25/02/1986) ML = 3,7 ; nord-est de Marseille (31/10/1973) ML = 3,6 ; sud-est de Gardanne (19/02/1984) ML = 4,4.
Cette sismicité met en évidence le caractère actif d'un certain nombre de structures comme la faille de la Durance ou le système de Costes-Trévaresse. En dehors des lieux situés dans un rayon de quelques kilomètres des épicentres majeurs, les intensités maximales répertoriées ne dépassent que rarement le degré V. Les données historiques de la Provence, plus abondantes qu'ailleurs, mettent en évidence que beaucoup d'événements sismiques répertoriés correspondent probablement à des séismes conduisant à des effets très localisés que l'on peut attribuer à des profondeurs focales faibles (5 km ou moins).