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Séismes de Sumatra (Indonésie) de magnitude Mw=7,6 du 30 septembre 2009
et Mw=6,8 du 1er octobre 2009

Description du séisme

Deux séismes de forte magnitude ont eu lieu le 30 septembre à 10h16 heure TU à 60 km à l’ouest de la ville de Padang (île Sumatra) et le 1er octobre à 01h52 heure TU à 160 km au Nord-Ouest de la ville de Bengkula. Ces deux tremblements de terre ont été très fortement ressentis sur l’ensemble de la région centrale de Sumatra. A l’heure où ces lignes sont écrites (2 octobre 2009), les estimations des dégâts et du nombre de victimes sont assez contradictoires. Selon les dépêches, il est fait état de 500 à plusieurs milliers de victimes. Cette forte dispersion est probablement due au déclenchement consécutif de deux séismes dans une même région géographique (Figure 1).

Date 30 septembre 2009
Heure origine 10 h 16 mn 09 s TU
Latitude 0,79° Sud
Longitude 99,82° Est
Profondeur 80 km
Magnitude  7,6 (CEA/DASE, Mw par utilisation des ondes P et SH)

Date 1er octobre 2009
Heure origine 01 h 52 mn 29 s TU
Latitude 2,49° Sud
Longitude 101,57° Est
Profondeur 10 km
Magnitude  6,8 (CEA/DASE, Mw par utilisation des ondes P et SH)

Séisme du 30 septembre 2009 Séisme du 1er octobre 2009
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 Figure 1 : Carte de localisation des deux séismes (source : http://www.emsc-csem.org)

Contexte sismo-tectonique

Ces deux séismes, même s’ils ne sont distants que d’environ 270 km, n’affectent pas le même jeu de failles. Le deuxième séisme n’est pas une réplique du premier, des études complémentaires de déplacements de contraintes statiques seront nécessaires pour déterminer s’ils sont liés.
Le premier séisme (30 septembre 2009), de magnitude Mw=7.6 est la conséquence de la convergence oblique entre les plaques tectoniques australienne et de la Sonde. Au niveau de l’épicentre, la plaque australienne se déplace vers le nord relativement à la plaque de la Sonde à une vitesse d'environ 65 mm/an. La relative profondeur de l’épicentre (80 km) et le mécanisme au foyer obtenu par inversion laissent penser que ce séisme a eu lieu à l’intérieur de la plaque australienne (intra-slab), et non à l’interface des deux plaques. En effet, dans la région de l’épicentre, les séismes de subduction « classiques » ont des profondeurs épicentrales de l’ordre de 50 km.
Le deuxième séisme (1er octobre 2009), de magnitude Mw=6.8 est proche de la grande faille de Sumatra, qui accommode la composante vers le Nord de la plaque de la Sonde, conséquence de la convergence oblique. Dans la région de l'épicentre de ce séisme, la plaque australienne se déplace vers le nord-ouest relativement à la plaque de la Sonde, à environ 65 mm/an.
Une description complète du contexte sismo-tectonique est disponible à l’adresse suivante :
http://www.geologie.ens.fr/spiplabocnrs/spip.php?article306

Inversion cinématique (résultats préliminaires)

Cette estimation consiste à reproduire les enregistrements sismiques à grande distance de l’épicentre en reconstituant l’histoire de la rupture grâce à la méthode des patchs (Vallée M. and M. Bouchon: Imaging co-seismic rupture in far-field by slip patches, JGI, 2004). Pour ce travail, nous reconstituons les déplacements des ondes sismiques de pressions (P) et de cisaillement (SH) afin de mieux contraindre la source sismique.

Séisme du 30 septembre 2009
L'inversion cinématique utilisant les données longue-période (CEA et IRIS) de capteurs sismiques conduit à un mécanisme de type compressif, avec une légère composante décrochante, une magnitude Mw=7,6 et une profondeur épicentrale de 84 km. La longueur de la zone de rupture est estimée à 80 km avec un glissement maximum sur cette zone de l’ordre de 2,5 mètres (Figure 2).

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 Figure 2 : L'inversion des ondes de volume (ondes P et SH) conduit à une magnitude de Mw=7.6, avec une zone de glissement. La rupture sur la faille se situe à 84 km de profondeur.

Séisme du 1er octobre 2009
L'inversion cinématique utilisant les données longue-période (CEA et IRIS) de capteurs sismiques conduit à un mécanisme décrochant avec une légère composante compressive, une magnitude Mw=6,8 et une profondeur épicentrale de 14 km. La longueur de la zone de rupture est estimée à 60 km avec un glissement maximum sur la faille de l’ordre de 0,8 mètres (Figure 3).

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 Figure 3 : L'inversion des ondes de volume (ondes P et SH) conduit à une magnitude de Mw=6.8 avec une zone de glissement. La rupture sur la faille se situe à 14 km de profondeur.

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 Figure 4 : Carte montrant la localisation des deux zones de glissement (ellipse multicolore), des plans de faille (rectangle noir) pour les séismes du 30/09/09 et 01/10/09.

Il s’agit ici de résultats scientifiques préliminaires susceptibles d’évoluer selon l’apport de nouvelles données et la sélection d’un plan de faille différent.