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NOTE RAPIDE concernant le séisme d’Haïti du 12 Janvier (Magnitude 7.2)

Un violent séisme de magnitude Mw7.2 s’est produit le 12 Janvier 2010, à 21h53TU à proximité de Port au Prince, capitale d’Haiti. Mercredi matin, les médias évoquent le risque de centaines, voire de milliers de victimes. Plusieurs ministères ont été gravement endommagés, alors que des hôpitaux, des hôtels et des écoles se sont écroulés.
Ce tremblement de terre est localisé à la frontière de la plaque caribéenne et de la plaque Nord américaine. La plupart de la sismicité accommode un glissement vers l’est d’environ 20mm/an de la plaque caribéenne relativement à la plaque nord américaine, à travers des systèmes de failles décrochants et compressifs (« Septentrional fault » dans le Nord d’Haiti et « Enriquillo-Plaintain Garden fault » dans le Sud). La localisation du séisme du 12 Janvier et son mécanisme au foyer sont cohérents avec le système de faille décrochant d’« Enriquillo-Plaintain Garden fault », qui n’a pas produit de séismes destructeurs depuis plus de 150 ans.

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 Figure 1 : Carte d’Haïti montrant la localisation de l’épicentre (étoile) sur la faille d’Enriquillo. Les points jaunes et oranges montrent les forts séismes historiques de la région.

Modélisation préliminaire de la source sismique

Cette estimation consiste à reproduire les enregistrements sismiques à grande distance de l’épicentre en reconstituant l’histoire de la rupture grâce à la méthode des patchs (Vallée M. and M. Bouchon: Imaging co-seismic rupture in far-field by slip patches, JGI, 2004). Pour ce travail, nous reconstituons les déplacements des ondes sismiques de pressions (P) et de cisaillement (SH) afin de mieux contraindre la source sismique.
A partir des ondes de volume P et S enregistrées sur 14 stations large-bande distantes de 3000 à 10 000 km du séisme, on cherche à déterminer par inversion les caractéristiques statiques de la source sismique (mécanisme au foyer, profondeur et durée de la rupture), ainsi que certains paramètres cinématiques (amplitudes du glissement sur la faille, vitesse de rupture).

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 Figure 2 : Interface logicielle montrant une carte des 13 stations IRIS (étoiles) et des 3 stations LDG (triangles) large bande TAOE (Iles Marquises), FLERS (France) et SIV (Bolivie) qui ont été utilisées pour la détermination de source sismique.

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 Figure 3 : Modèle de rupture et comparaison des formes d’onde enregistrées (en noir) et simulées (en rouge) filtrées dans la bande [80s 6,7s]. Les ondes télésismiques SH sont représentées dans le cercle intérieur jaune sur une durée de 50s, et les ondes télésismiques P dans le cercle extérieur rouge sur une durée de 60s. A droite, on retrouve la répartition elliptique du glissement obtenu par la méthode des patchs.

Les paramètres géométriques obtenus sont cohérents avec la tectonique régionale : l’azimut, le pendage et le glissement de la faille (respectivement 259°, 64° et 32°) confirment un séisme de décrochement, entre les plaques caribéennes et nord américaine, avec en plus une légère composante compressive.
La profondeur du séisme est estimée à 15km et l’amplitude du glissement maximum sur la faille est de l’ordre de de 2 m.

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  Figure 4 : Distribution du glissement et répartition des répliques dont la magnitude est supérieure à 4,5 (USGS).